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Bien que le Japon soit un paradis pour les amateurs de cuisine, il n’y a pas forcément un plat autour duquel tout le monde s’accorde. Certains visiteurs sont répugnés à l’idée de manger des fruits de mer crus ou diverses parties du poulet en mode grillade. Même quelque chose d’aussi anodin que des pickles de légumes japonais peuvent les horrifier. Mais s’il y a bien un mets qui provoque la réticence unanime des touristes, c’est le natto (納豆). Cet incontournable du petit-déjeuner japonais, constitué de soja fermenté, odorant et visqueux. Selon un sondage non officiel de mon entourage non japonais, c’est l’aliment qui fait grimacer la plupart des gens, dans tous les sens du terme.

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Une japonaise mangeant du natto.
Mayuko Suzuki alias « Natto Musume », la fille qui adore le natto.

Mayuko Suzuki a eu l’intuition de ce qu’elle voulait faire de sa vie, en repensant à ses premiers souvenirs d’enfance. Elle se rappelle de son grand-père, confectionnant des makizushi (sorte de « california rolls ») avec du natto pour ses cousins et sa petite sœur. Suzuki se souvient de l’enthousiasme montant en elle, au point d’avoir du mal à se contenir, alors qu’elle attendait patiemment son tour pour de recevoir son rouleau au natto.

Ce ne fut que bien des années plus tard, alors qu’elle travaillait en tant que stagiaire dans une entreprise agroalimentaire qu’elle a réalisé sa passion. Après qu’on lui ait demandé quel était son plat favori, elle a compris qu’elle point elle souhaitait partager son amour pour le natto avec les gens. À travers les réseaux sociaux et plusieurs événements, elle a alors commencé à promouvoir le natto, en tant qu’aliment aussi nutritif que délicieux. Aujourd’hui, son CV d’experte en natto s’est étoffé, elle est désormais rédactrice pour Hanako, un magazine japonais très prestigieux, et vend des produits autour du natto sur son site d’e-commerce, Natto Tengoku (Le paradis du natto).

Le natto c’est quoi ?

En résumé, le natto est fait de pousses de soja, fermentées par la bactérie bacillus natto. Bien qu’il soit classé en haut de la liste des aliments japonais les plus sains, en termes d’appétence, il est plutôt à l’autre extrémité du classement. Pendant la fermentation, les pousses deviennent visqueuses, odorantes et développent un goût particulièrement prononcé, qui peut être désagréable pour ceux qui n’y sont pas habitués. Même au Japon, on le consomme avec un bol de riz et agrémenté de moutarde ou de sauce soja pour en améliorer la saveur.

Poches de plastique contenant du natto
Le natto japonais peut-être conservé au réfrigérateur ou au congélateur, emballé dans du plastique.

Il est fortement probable que vous croisiez du natto pendant votre visite au Japon, si vous optez pour un petit-déjeuner japonais traditionnel, souvent proposé dans les ryokans ou les séjours à la ferme. Mais il est souvent présenté dans un contenant scellé afin de ne pas agresser votre odorat. Personne au Japon ne s’offusquera si vous décidiez de passer votre chemin, et dans certains cas on vous demandera si vous en voulez ou non, avant  même de vous servir votre repas.

Les bienfaits du natto sur la santé

Consommant 3 à 5 paquets de natto par jour et promouvant activement le natto, Suzuki aurait pu facilement s’autoproclamer « reine du natto ». À la place, elle a choisi le surnom de “Natto Musume”, que l’on peut plus ou moins traduire comme “une fille simple qui adore le natto”. Comme elle l’explique, son souhait était de paraître amicale et accessible à ceux qui pourraient avoir des questions sur le natto et le nom était un élément essentiel du personnage.

Suzuki publie des critiques sur les différentes variétés de natto venant de tout le Japon, ainsi que des recettes simples à base de natto pour ses milliers de followers qui la suivent sur les réseaux sociaux. Elle admet que tous ceux qui la suivent ne sont pas forcément des amateurs de natto, certains veulent simplement l’encourager dans la poursuite de sa passion. Et cela lui convient très bien, car si elle peut les convaincre ne serait-ce que de goûter au natto, c’est déjà une victoire pour elle.

La première fois que j’ai rencontré Suzuki, j’ai vivement revendiqué mon désamour à l’égard du natto, une proclamation qu’elle a accueillie avec un rire jovial.  Elle réalise bien que le natto n’est pas au goût de tous, mais il est difficile d’ignorer les avantages objectifs que présentent le natto, un superaliment facile à produire même dans les pays les plus pauvres. Dans des zones où les problèmes de santés causés par une nourriture de qualité médiocre sont monnaie courante, le natto pourrait être salvateur, car il renforce l’immunité et réduit les chances de maladies cardiaques.

Mélange du natto à l'aide de baguettes
Le natto se présente la plupart du temps dans un emballage fermé. Une fois mélangé et assaisonné, il est très souvent  accompagné avec du riz.

Les bienfaits de la consommation de natto sur la santé sont largement documentés. Cela comprend une baisse du cholestérol, de la tension artérielle, des risques de caillots sanguins et de développement de maladies cardiaques, liées à sa forte contenance en vitamine K2.

De plus, en raison de la présence de probiotiques, il se pourrait que le natto renforce votre système immunitaire. Les fibres présentes dans la pousse participent au bon fonctionnement du système digestif. Suzuki suggère que même les personnes qui n’aiment pas le goût du natto devraient trouver un moyen d’en consommer, grâce à des plats qui atténuent sa saveur intense, ne serait-ce que pour ses bienfaits. Elle travaille actuellement avec une grande université d’Osaka, sur la création d’un chocolat végan au natto, en utilisant un natto lyophilisé qui aurait, nous assure-t-elle, un goût de noisette.

Peut-on apprendre à aimer le natto lorsqu’on n’est pas japonais ?

J’ai mis Suzuki au défi de trouver un moyen de rendre le natto appétissant pour une personne comme moi. Elle a répondu en m’envoyant une invitation à une soirée de dégustation de natto quelques jours plus tard. Lors de cette dégustation, j’ai goûté à différentes sortes de natto, ainsi qu’à quelques plats que Suzuki avait préparés. Notamment deux recettes de pâtes avec au natto et une sorte de poke avec du maguro (thon cru) mariné à la sauce soja, surmonté de natto, le tout sur un bol de riz.

Si je dois être tout à fait honnête, je n’ai pas été fan des plats que j’ai testés, car ils manquaient d’autres ingrédients forts en goût pour contrebalancer la saveur de natto qui restait détectable. Je ne suis pas non plus très à l’aise avec la texture visqueuse du natto, et elle restait encore trop présente dans les plats qu’elle avait créés pour l’occasion. Suzuki m’a suggéré de mélanger des cubes de natto dans du curry, une bonne méthode pour masquer totalement la saveur et la texture du natto. Il est aussi possible de rincer les pousses avec de l’eau pour faire disparaître leur viscosité, mais cela fait inévitablement perdre une  partie de leur intérêt nutritif.

Puisque je n’étais pas  très convaincu par les variétés de natto à base de soja proposé à la dégustation, Suzuki s’est rendue dans sa cave à natto, aussi appelé congélateur, pour me rapporter quelque chose qu’elle pensait plus à mon goût. C’était le tsuyudaku wasabi natto (つゆだくわさび納豆), fait à base de haricots noirs au lieu des habituelles pousses de soja, qui présente un arôme et une saveur plus douce. Cette variété de natto s’accompagne d’un petit paquet de pâte de wasabi à mélanger avec le natto pour en masquer la saveur. Bien qu’elle m’ait dit que je pouvais simplement en goûter un petit morceau si je n’aimais pas, c’est bien volontiers que j’ai mangé plus que quelques bouchées. Le wasabi étant devenu la saveur dominante, je dois dire que c’était plutôt plaisant.

Pâtes au natto
Le natto peut agrémenter un plat, afin d’améliorer sa valeur nutritive.

Ayant créé un espace dans la société japonaise afin de partager son amour pour la natto, Suzuki cherche désormais à apprendre l’anglais afin de partager le natto avec le reste du monde. Bien que la plupart des non japonais s’accorderaient à dire qu’elle a beaucoup de travail devant elle, le fait est qu’elle a accompli l’exploit de faire admettre au plus tenace des anti-natto  que je connaisse (c’est-à-dire moi-même), que le natto peut, finalement, s’avérer mangeable.

Instagram: @natto_musume
YouTube: なっとう娘ちゃんねる
Shop: Natto Tengoku 納豆天国

Merci à Yuki Yoshida @yuki_avocado pour son rôle d’interprète improvisé entre Mayuko Suzuki et moi.
Traduit de l’anglais par Daniela

Todd Fong

Todd Fong

Freelance writer, photographer, and mentor. Japan-based, Oaktown (Oakland, California) born. Freelance writing and photography work includes Lonely Planet, Voyapon, Metropolis Japan, and many regional tourism websites around Japan.

https://www.toddfong.com