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Situé dans un cadre bucolique à moins d’une heure en train direct d’Osaka, au cœur de la préfecture japonaise de Hyogo, Tamba-Sasayama est un petit joyau (encore secret !) qui invite à la détente et à la flânerie. Le programme alléchant offert par cette destination est ainsi la promesse d’un enchantement constant pour les visiteurs qui y séjournent : art traditionnel, vestiges historiques, architecture urbaine de style Edo, gastronomie, grands espaces et… douceur de vivre inoubliable.

Je dois le confesser, j’ignorais tout de cette destination avant d’avoir la chance d’y poser ma valise pour quelques jours. Et quelle ne fut pas ma surprise ! Dès mes premiers pas, mes sens se sont mis en éveil, conquis par la douce atmosphère qui planait dans les rues de cette charmante petite ville. L’envie de partir à sa découverte était incontrôlable, il me fallait immédiatement arpenter Tamba-Sasayama, en long, en large et en travers, pour rassasier mon envie de connaître tous ses secrets. Un merveilleux souvenir !

Il était une fois, Tamba-Sasayama

La longue et riche histoire de Tamba-Sasayama, ainsi que son emplacement de choix, permettent de mieux comprendre les éléments qui ont façonné son visage au fil des siècles. La ville a longtemps joui d’un emplacement de choix, sur la route de Kyoto, devenant une importante plaque tournante pour les voyageurs qui se rendaient dans l’ancienne capitale. Cette situation favorable, qui l’a énormément influencée, a offert une occasion en or à Tamba-Sasayama de prospérer. Et encore aujourd’hui, cette escale attachante permet de s’immerger dans la culture traditionnelle japonaise.

L’artisanat est ainsi l’un des éléments phares de la culture traditionnelle de la région, considérée comme l’un des berceaux de la poterie au Japon. Une promenade dans le village de potiers de Tambayaki nous offre l’opportunité de découvrir l’histoire de cet artisanat local qui remonte à plus de 800 ans. L’UNESCO a même décerné, en 2015, le label de ville créative, dans la catégorie artisanat et arts populaires, à Tamba-Sasayama. Une belle récompense qui met en lumière l’héritage de la ville et le dynamisme des artisans, toujours d’actualité ! Plus d’une soixantaine de personnes perpétuent encore les techniques ancestrales de la poterie, ouvrant leur atelier et partageant leurs connaissances avec les visiteurs curieux. On prend plaisir à se promener le long des chemins escarpés de Tambayaki, prêt à dépenser quelques yens dans l’achat d’une belle poterie.

Comme dans la plupart des villes du Japon, l’héritage historique de Tamba-Sasayama est aussi marqué par son château. Et comme souvent, il a malheureusement connu un funeste destin. Commandé en 1609 par Tokugawa Ieyasu, dont la stratégie consistait à construire des lignes de défense autour de la ville d’Osaka, le château de Tamba-Sasayama a longtemps joué le rôle de pièce maîtresse dans l’histoire de la ville. Et alors qu’il avait réussi à survivre à l’époque Meiji, il a finalement pris feu en 1944. Mais grâce à une reconstruction partielle datant de 2000, on peut aujourd’hui profiter d’une agréable visite des vestiges afin d’en apprendre davantage sur la ville et son château, tout en prenant le temps d’admirer le panorama dégagé sur la nature environnante.

Ou comment tomber sous le charme de Tamba-Sasayama

Je suis le premier à me réjouir de la popularité du Japon auprès des visiteurs internationaux, mais je dois bien avouer que visiter une destination calme et apaisante, en ayant l’impression d’avoir un bout de Japon rien que pour soi, est une sensation unique et réconfortante. Alors quand j’ai eu la chance de parcourir les rues de Kawaramachi, presque seul, je suis tombé immédiatement sous le charme de cet ancien quartier marchand de la ville. Sur environ 500 mètres, on y admire de très belles maisons traditionnelles de la période Edo, en enfilade. Certaines de ces bâtisses abritent encore aujourd’hui des boutiques d’artisanat. On pousse alors quelques portes pour contempler la beauté de l’architecture et pour assouvir son envie d’emplettes, dans une atmosphère on ne peut plus paisible.

Le quartier de Kawaramachi

Lorsqu’on arrive à la fin du quartier de Kawaramachi, il ne faut surtout pas hésiter à succomber au désir de « se perdre » dans les rues de la ville : en effet, un renard détestant la défaite s’y cacherait ! Dans les hauteurs de la ville se dresse ainsi le sanctuaire Ojiyama Makekirai Inari (王地山まけきらい稲荷), accessible via un joli escalier bordé de torii vermillon. Le nom original de ce sanctuaire cache une légende bien connue des habitants. Makekirai Inari, que l’on pourrait traduire par « le renard qui n’aimait pas perdre », fait référence à l’histoire d’un renard qui s’était transformé en sumo pour que la ville puisse enfin gagner une compétition sportive. C’est donc le bon endroit pour demander aux kami-sama, les dieux nippons, réussite et succès.

Le charme de la ville opère également via sa gastronomie (comme partout au Japon, diront les plus gourmets) et ses curiosités. Ce ne sera une surprise pour personne : qui dit campagne, dit agriculture. Tamba-Sasayama offre ainsi un bel aperçu du terroir local, dont les très populaires edamame noirs, tanbaguro kuromame, omniprésents dans la ville. On y goûte aussi des haricots noirs, du riz et des ignames des montagnes. Autre immanquable de la destination, le four Noborigama fait office de véritable curiosité. Ce « four qui monte » est un four grimpant de 47 mètres de long, qui servait à chauffer la poterie des artisans de Tambayaki. Cet ouvrage grandiose, qui se détache du décor champêtre des lieux, a repris du service en 2016. Avec un peu de chance, vous verrez, début mai, une cuisson collective en son sein, pendant… 72h. Impressionnant.

Une destination aux nombreux petits plaisirs

L’agréable sentiment de vivre doucement et d’apprécier un instant volé se ressent lorsqu’on parcourt avec légèreté les rues de Tamba-Sasayama. La ville est paisible, facile à arpenter et cache de nombreux petits plaisirs qui égayent tout voyage dans l’Archipel. Après avoir flâné dans les rues centrales Honmachi Dori et Nikaimachi, un arrêt s’impose à la très jolie boutique Breath & Roy, qui propose un large éventail d’objets artisanaux… mais pas que. Alors que j’étais à la recherche d’un cadeau, me voilà assis sur le plancher du magasin, face à un élégant tsubo-niwa (petit jardin japonais), à déguster une bière fraîche locale ! Un régal. Et pour les amateurs de café, rendez-vous chez Makoto Café pour déguster une boisson chaude dans un cadre japonisant du plus bel effet.

Les petites boutiques aux charmes d’antan, voire un peu désuètes comme on aime, ne manquent pas et cela promet de jolies pauses salvatrices, autant pour les jambes que pour le palais. Japon oblige, je me suis souvent arrêté dans l’un de ces magasins, attiré par une gourmandise sucrée ou par le détail d’un décor vintage. Dans le quartier de Kawaramachi, un détour par la boutique Hakutoya, spécialisée dans la décoration d’intérieur, est vivement recommandé. Que dire du café Haretayo, juste en face, qui promet aux papilles un moment sucré hors du temps, dans un lieu cosy, fait de bois.

Les soirées et les nuits à Tamba-Sasayama sont aussi agréables que douces, et on ne peut que recommander de s’y poser une nuit ou deux. Le groupe hôtelier Nipponia y a réalisé un travail remarquable en rachetant d’anciennes bâtisses de style japonais pour les restaurer dans les règles de l’art. Le résultat est sublime, entre raffinement, confort et tradition. L’expérience culinaire offerte par le restaurant de l’hôtel, Terroir et Nature, en vaut également la chandelle. On s’installe dans les salons d’une grande maison datant de l’ère Meiji, on y admire le tsubo-niwa au crépuscule et on y déguste des plats de saison succulents qui rendent hommage à l’agriculture locale. Et si l’envie d’une ambiance plus familiale vous en dit, ne manquez pas la brasserie Tambaji, un lieu des plus sympathiques tenu par un jeune entrepreneur et ses parents.

Comment se rendre à Tamba-Sasayama et ses alentours

Depuis la gare centrale d’Osaka, se rendre à Tamba-Sasayama (gare de Sasayamaguchi) est un jeu d’enfant. Comptez 50 minutes environ avec le train express direct Konotori (qui passe plusieurs fois par jour) et 1h15 environ via la ligne JR Fukuchiyama Rapid. Depuis Kyoto, il vous faudra à peine 1h30 (au plus rapide), mais avec un changement, soit à Osaka, soit à Amagasaki. Quand vous serez arrivé à Sasayamaguchi, un service de bus mis en place par la ville permet de rejoindre le centre, face au château, en 20 minutes (10 en taxi). Le reste se fait aisément à pied afin de profiter de l’atmosphère de la ville (à l’exception de Tambayaki).

Le sanctuaire de Kawaharanosumiyoshi à Fukusumi

Et si avant de reprendre votre aventure vers de nouveaux horizons, à la fin de votre séjour, vous vous rendiez à Fukusumi, à moins de 30 minutes en bus de Tamba-Sasayama ? Une sage décision prise lors de mon premier séjour, qui m’a valu de découvrir un lieu unique en son genre, car la rue principale de Fukusumi, ancienne ville postière, est une curiosité. Les habitants ont pris les commandes de leur quartier, lançant leur marque (Fukusumi Zero Circle) et rénovant les anciennes maisons de commerce datant d’Edo.

Ainsi, on se retrouve à déambuler le long d’une rue bordée d’une dizaine de boutiques, restaurants et cafés, au milieu des rizières. Je n’ai pu cacher mon étonnement, face à ce petit bout de ville à l’ambiance si détendue. Offrez-vous un moment de plaisir à la boulangerie Naritopan ou chez Footpath Cakes, posez-vous le temps d’un délicieux café au Magnum Coffee et profitez du joli sanctuaire Kawaharanosumiyoshi. De quoi conclure l’aventure dans la campagne de Tamba-Sasayama.

Si vous êtes à la recherche d’une aventure authentique teintée de douceur de vivre dans la campagne japonaise, loin des sites populaires, alors vous risquez, comme moi, de tomber sous le charme de Tamba-Sasayama. Et le souvenir d’une douce promenade dans Kawaramachi ne cessera alors de vous émerveiller, encore et encore !

Julien Loock

Julien Loock

Après des années d’allers-retours entre Paris et Tokyo, je décide, fin 2016, de poser ma valise pour de bon dans la capitale nippone. Grâce à la liberté du journalisme freelance, je prends plaisir à arpenter régulièrement l’Archipel en train, avec ma plume et mon carnet griffonné, pour assouvir ma soif de découverte et élargir mes connaissances sur ce pays si fascinant.