Skip to main content

Perché dans les montagnes de la préfecture de Nara, le village de Yoshino est une destination phare de la région du Kansai, célèbre pour ses cerisiers en fleurs, ses koyo et son atmosphère empreinte de sérénité. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce lieu sacré du Shugendo offre une immersion au cœur de la nature et de la spiritualité. Grâce à son patrimoine matériel et immatériel d’exception, Yoshino mérite toute l’attention des voyageurs en quête d’authenticité. Entre ses ruelles pittoresques, ses ryokan accueillants et ses sentiers de randonnée, Yoshino promet une expérience mémorable au fil des saisons.

Certains de nos articles comportent des liens sponsorisés. Lorsque vous vous servez de ces liens pour effectuer un achat, une commission nous est reversée, ce qui permet de soutenir notre travail à Voyapon. Veuillez lire nos explications pour plus d’informations.

Koyo sur le mont Yoshino

Je me souviens encore, comme si c’était hier, de ma première visite à Yoshino. Quelques minutes à déambuler dans le village m’ont suffi pour succomber à ses charmes. J’ai encore l’image en tête. Se retrouver dans les paisibles montagnes japonaises, entouré d’arbres aux couleurs chatoyantes, marque durablement. La richesse du patrimoine nous interpelle. La beauté de la nature capte notre attention. Et flâner dans les rues de Yoshino, tout en admirant les devantures des boutiques et restaurants, nous enivre. Place à la découverte.

La naissance spirituelle de Yoshino

L’identité de Yoshino s’est forgée au cours des siècles grâce à la religion, le Shugendo, et à la détermination de ses adeptes, les yamabushi.

Le Shugendo, osmose entre l’humain et la nature

Yoshino est un lieu chargé d’histoire et de spiritualité, reconnu comme l’un des berceaux du Shugendo, une tradition millénaire japonaise. Ce culte, fondé au VIIᵉ siècle par En no Gyoja, un personnage entre mythe et réalité, repose sur une profonde osmose entre l’humain et la nature. Littéralement traduit par « le chemin de la formation et de l’essai », le Shugendo mêle animisme, bouddhisme, shintoïsme et taoïsme, tout en intégrant des pratiques d’ascétisme rigoureux. Les adeptes, appelés yamabushi, vivaient autrefois comme des ermites, isolés dans les montagnes, se nourrissant de plantes sauvages et méditant dans des grottes ou des ermitages.

Le village de Yoshino et sa torii

Leur quotidien était ponctué de pèlerinages sacrés sur les sentiers de Yoshino-Omine, jalonnés d’épreuves spirituelles destinées à purifier le corps et l’esprit. Ces rituels exigeants visaient une renaissance intérieure et une véritable fusion avec la nature, que les yamabushi vénéraient et considéraient comme une force divine. Yoshino-Omine, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004, reste aujourd’hui l’un des lieux les plus emblématiques de cette pratique spirituelle. La survie de cette tradition est d’ailleurs à mettre sur le compte de la détermination de ses adeptes. Sous l’ère Meiji, en 1872, le Shugendo fut interdit. Une réforme religieuse imposait alors une séparation stricte entre shintoïsme et bouddhisme. Heureusement pour les visiteurs d’aujourd’hui, cet héritage est toujours très présent. Les temples et sanctuaires qui jalonnent les montagnes de Yoshino en sont le témoin.

Le Kinpusen-ji, le temple phare de Yoshino

Tous les chemins mènent à Rome, dit-on. Mais à Yoshino, tous les chemins mènent au Kinpusen-ji. Au centre du village se dresse en effet ce majestueux temple, emblème du Shugendo. Fondé par En no Gyoja, ce lieu est le point de départ de pèlerinages sacrés. Avec ses 34 m de hauteur, le hall principal, construit en 1592, est le deuxième plus grand édifice en bois du Japon après le célèbre Todaiji de Nara. Ce temple impressionne par ses trois statues colossales de Zao Gongen, divinité protectrice des montagnes environnantes. Malheureusement, celles-ci sont rarement visibles pour le public. Les visiteurs peuvent néanmoins s’immerger dans l’ambiance mystique du lieu en assistant au goma taki, un rituel du feu quotidien où des plaques votives sont brûlées dans un acte hautement symbolique. Petit secret : le temple diffuse ces cérémonies en direct sur ses réseaux sociaux. Un mélange étonnant de tradition et de modernité.

Pour les randonneurs aguerris, Yoshino offre également un défi inoubliable : le sentier Omine Okugake. Long de 170 kilomètres, ce chemin, classé au patrimoine mondial, traverse les montagnes jusqu’au Kumano Sanzan, dans la préfecture voisine de Wakayama. Représentant l’essence même de l’ascétisme du Shugendo, ce périple exige cinq jours d’efforts intenses à travers des paysages sublimes, entre les « Alpes Yamato » et des forêts denses. Je me suis toujours « contenté » de profiter de Yoshino en flânant et en me plongeant paisiblement dans son atmosphère si unique, mais je sauterai peut-être un jour le pas. Se mettre dans la peau d’un yamabushi et partir du Kinpusen-ji à la découverte des chemins de pèlerinage est une aventure qui fait partie de ma longue « to do list » au Japon !

La Mobal SIM Card est la seule carte SIM vous faisant bénéficier d’un numéro de téléphone japonais — l’idéal pour rester en contact durant de courtes visites ou pour les visiteurs vivants, travaillants ou étudiants au Japon. Le Mobal pocket wifi est également parfaitement adapté aux voyages au groupe ou en famille !

Découvrez les cartes SIM et les forfaits pocket wifi de Mobal

Yoshino, une destination aux nombreux atouts

L’histoire religieuse et spirituelle de Yoshino a véritablement façonné le visage de cette jolie destination. Mais le village sait aussi nous charmer avec d’autres atouts mémorables.

Une nature omniprésente qui aime se métamorphoser

Avant d’en savoir plus sur Yoshino, je n’aurais jamais imaginé que des montagnes puissent être le théâtre d’une floraison aussi impressionnante. Avec plus de 30 000 cerisiers recouvrant ses flancs, Yoshino est l’une des destinations les plus emblématiques du Japon pour admirer les sakura. La variété shiro-yamazakura, typique de la région, transforme les collines en un océan de fleurs blanches et roses, créant un spectacle à couper le souffle. Ce lien entre Yoshino et les cerisiers n’est d’ailleurs pas vain. En no Gyoja aurait ainsi gravé l’image de Zao Gongen dans le tronc d’un cerisier, initiant ainsi une tradition millénaire de plantation par les fidèles. Aujourd’hui, ces arbres continuent de fleurir chaque printemps. Ce qui attire une foule de « pèlerins » en quête de paysages oniriques.

Quand vient l’automne, Yoshino change de palette et se pare de couleurs flamboyantes durant la période du koyo. Les érables rouges, orange et dorés illuminent les montagnes, offrant un contraste saisissant avec le ciel clair de la saison. Les randonneurs peuvent explorer les sentiers qui serpentent entre les arbres et profiter d’une vue imprenable sur les Alpes Yamato, transformées en une toile impressionniste. Ce spectacle automnal, tout aussi enchanteur que les cerisiers du printemps, a ma petite préférence. Le ciel est d’un bleu incroyable. Les températures sont fraîches, mais agréables. Et le rouge vif des feuilles colore le village. Un régal pour les yeux.

Se faire plaisir à Yoshino

Après s’être nourri l’esprit, place à la gastronomie. Et Yoshino ne déroge pas à la règle. Il y a de quoi se faire plaisir. A commencer par le kuzumochi, une spécialité locale à laquelle je n’ai pu résister. Contrairement au mochi classique, ce dessert se distingue par une texture proche de la gelée, obtenue à partir d’eau, de sucre et d’amidon de kuzu. Le dessert est servi avec une généreuse couche de kinako et nappé d’un sirop de sucre brun. C’est léger et rafraîchissant. Envie de goûter à de l’unagi ? Cette anguille d’eau douce, souvent grillée avec une sauce sucrée savoureuse, dégustée sur du riz, est servie dans le joli restaurant local Unagi-ya Taikoban. Et si l’envie d’une pause bien méritée vous prend, rendez-vous chez Cafe kiton. Ce restaurant/café, très cocon, est idéal pour un repas, une pause « caféinée » ou un dessert sucré.

Laissez-vous tenter par les célèbres kakinoha-zushi, des sushis traditionnels enveloppés dans des feuilles de kaki, chez Hyoutarou. Et pour d’autres tentations sucrées, il y a Manshodo, et ses mochi et autres dango. J’aime me rendre ensuite au sanctuaire Yoshino Mikumari-jinja, à pied, pour une longue balade dans le calme du mont Yoshino. Et pour couronner le tout, rien de mieux que de séjourner une nuit dans un ryokan, ces auberges typiques japonaises. Le Chikurin-in Gumpoen reste gravé dans ma mémoire. Niché au cœur du jardin du temple Chikurin-in, ce ryokan historique offre une immersion complète dans l’élégance japonaise. Au menu, chambres traditionnelles avec tatami et futon, bains publics, intérieurs ou extérieurs, et dîner raffiné. De quoi conclure à merveille tout séjour à Yoshino.

Se rendre à Yoshino

Depuis Kyoto, rejoignez Yoshino en environ 2h en empruntant la ligne Kintetsu Kyoto Express jusqu’à Kashiharajingu-mae, puis la ligne Kintetsu Minamiosaka-Yoshino. Depuis Nara, il faut compter 1h30. Prenez la ligne Kintetsu Namba-Nara Express jusqu’à Yamatosaidaiji. Poursuivez avec la ligne Kintetsu Kashihara Express jusqu’à Kashiharajingu-mae et terminez par la ligne Kintetsu Minamiosaka-Yoshino. Une fois à la gare de Yoshino, le téléphérique, véritable petite attraction locale, vous emmène directement à l’entrée du village.

Notez cependant qu’en dehors des périodes touristiques, il fonctionne uniquement du vendredi au lundi et les jours fériés. Les autres jours, un bus de remplacement est à votre disposition pour continuer votre voyage en toute simplicité.

Yoshino est une invitation à ralentir, à se reconnecter avec la nature et à contempler un patrimoine culturel exceptionnel. En parcourant ses sentiers sacrés, en admirant ses cerisiers au printemps ou ses érables flamboyants à l’automne, on ressent véritablement l’âme des lieux. Ce Japon intemporel offre un moment authentique hors du temps à ses visiteurs. Si vous êtes comme moi, quitter Yoshino vous fendra le cœur…  

Julien Loock

Julien Loock

Après des années d’allers-retours entre Paris et Tokyo, je décide, fin 2016, de poser ma valise pour de bon dans la capitale nippone. Grâce à la liberté du journalisme freelance, je prends plaisir à arpenter régulièrement l’Archipel en train, avec ma plume et mon carnet griffonné, pour assouvir ma soif de découverte et élargir mes connaissances sur ce pays si fascinant.