Le Japon, pays de naissance du célèbre Studio Ghibli, est une destination absolument incontournable pour les amoureux d’anime et de culture japonaise, qui peuvent ainsi ponctuer leur itinéraire de destinations rappelant l’univers de ce studio. Par contre, vous allez peut-être avoir du mal à me croire, mais je n’avais vu aucun de leurs films avant de m’installer au Japon. Evidemment, l’ampleur du phénomène Ghibli à travers l’Archipel et le monde ne m’avait pas échappé, et je l’observais avec curiosité et envie. Mais à la question « quel est ton film du Studio Ghibli préféré ? », je haussais les épaules avec une moue gênée, ce qui ne manquait pas de surprendre les fans du studio japonais, fondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata en 1985. Alors une fois établi au Japon, il fallait que j’y remédie, et vite !
Vivre au Japon et se sentir ignorant à chaque évocation du Studio Ghibli… une drôle de sensation. Il m’a donc fallu prendre le taureau par les cornes, discuter avec des fins connaisseurs du studio, enchaîner les visionnages et lire des ouvrages sur le sujet. S’est alors présenté à moi un monde doux et puissant, onirique et mystérieux, teinté de fantaisie et d’authenticité, auquel on s’attache très rapidement. Maintenant que l’ignorance avait laissé place à la connaissance, je pouvais commencer à vivre le Japon au rythme du studio et parcourir le pays à la découverte des lieux estampillés Ghibli et autres endroits ayant inspiré les fondateurs.
Les lieux phares du Studio Ghibli au Japon
Il aura fallu une pandémie et un Japon aux frontières fermées pour me décider à franchir les portes du Musée Ghibli, situé à Mitaka, à Tokyo. Cette destination culte pour les amateurs des films du célèbre studio, et même plus largement d’animation japonaise, a ouvert en 2001, sous la houlette du réalisateur Hayao Miyazaki. Bien plus qu’un simple musée, le lieu offre une expérience immersive dans l’univers enchanteur des films du studio. Le bâtiment et ses jardins, qui reflètent le style artistique distinctif du studio, offrent un écrin tout droit sorti d’un rêve, parsemé de clins d’œil à l’univers Ghibli. L’attention particulière aux détails et à l’interactivité est une des forces du lieu. Une escale onirique à ne pas manquer lors d’un séjour dans la capitale japonaise.
Après le musée, place au parc ! Alors que mes connaissances sur le studio commençaient à devenir solides, me voilà parti en 2022, accréditation en main, à la découverte du Parc Ghibli, quelques semaines avant son ouverture au public, le 1er novembre, dans la préfecture d’Aichi, près de Nagoya. Oublions ici tous les codes des parcs d’attractions, le Parc Ghibli est unique en son genre. Prenant ses quartiers dans un cadre déjà existant, le Parc commémoratif de l’Expo d’Aichi, le parc tranche avec l’idée que l’on aurait pu se faire d’un tel lieu. La zone principale, le Grand entrepôt Ghibli, a ainsi été aménagée dans un bâtiment construit lors de l’Expo d’Aichi, fait de béton et de verre, alors que les autres zones, au nombre de cinq, sont aménagées directement au cœur de la nature luxuriante environnante.
Ici, pas de signalétique ostentatoire, de grandes affiches ni de mascotte géante aux portes du parc, on se trouve dans un environnement à l’image du studio, naturel et fourmillant de détails. Armé de son appareil photo, sourire aux lèvres, on prend plaisir à aller de zone en zone, de la Forêt Dondoko, consacrée au film « Mon Voisin Totoro », au Village de Mononoké (l’une des deux dernières zones à avoir ouvert ses portes). On s’y amuse, prenant la pose dans des environnements représentant des scènes clés des films, comme le train dans le « Voyage de Chihiro » avec le Sans-Visage. On s’y instruit, avec des expositions permanentes et temporaires. Et on s’y promène, grâce aux cinq zones offrant un cadre des plus plaisants aux amoureux de l’univers du studio. Seul bémol, l’obtention des tickets n’est pas toujours évidente. Armez-vous de patience et persévérez.
Etant matérialiste et collectionneur, il fallait bien que je me procure également une petite figurine de Totoro et de son parapluie. Et au Japon, ce n’est pas ça qui manque. Une originalité tout de même, la chaîne de magasins officielle s’appelle ici « Donguri Sora » ou « Donguri Republic » (donguri pouvant être traduit par « gland » en français, une référence directe à Totoro). Et rassurez-vous, vous n’aurez aucune peine à croiser ces cavernes d’Ali Baba au cours de votre voyage, il y en a un certain nombre, stratégiquement bien placées : gare de Tokyo, au pied de la Skytree, sur l’île d’Odaiba ou encore à deux pas de la Sannenzaka à Kyoto.
A la découverte des lieux rappelant l’univers du Studio Ghibli
Pas besoin de quitter la capitale pour tomber nez à nez avec une merveille d’art et d’ingénierie : l’horloge Nittere Ohdokei, conçue par Hayao Miyazaki et réalisée par l’artiste mécanicien Shachimaru Kunio. Egalement connue sous le nom d’Horloge Ghibli, cette horloge d’apparence steampunk rappelle les décors détaillés et complexes des films du studio tels que « Le Château ambulant ». Cette horloge monumentale, qui mesure environ 10 mètres de large et 18 mètres de haut, s’anime régulièrement afin de proposer un spectacle mécanique assez fascinant. Elle est facilement accessible depuis la gare de Shimbashi ou la station de métro Shiodome. J’ai d’ailleurs fait la connaissance de cette horloge pour la première fois depuis la ligne Yurikamome, alors que je rêvassais en contemplant les immeubles qui défilaient devant mes yeux.
La ville, c’est bien, mais la nature (quand on pense aux thématiques chères à M. Miyazaki), c’est mieux ! Et c’est lors d’un ardent été au Japon que j’ai pris la décision de me rendre à Saitama, à 1h d’Ikebukuro, pour découvrir Totoro no Mori, ou la Forêt de Totoro ! Intriguant, non ? Surtout lorsqu’on sait que cet espace naturel situé sur la colline de Sayama a été préservé grâce aux efforts de la Fondation Totoro no Furusato, établie en avril 1990, à laquelle a participé Hayao Miyazaki en tant que membre. La zone comprend plusieurs musées, des centres d’accueil, des sentiers de randonnée et une statue de Totoro. Et puisque l’inspiration du village du film Ghibli est venue de cet endroit des plus plaisants, il mérite sa place dans tous les itinéraires des fans du studio.
Quittons à présent la capitale et sa région en sautant dans un Shinkansen, direction Fukuyama, dans la préfecture de Hiroshima. Lors d’un séjour dans cette ville, j’en ai profité pour monter dans un bus, direction Tomonoura. En trente minutes à peine, je me suis retrouvé dans ce port des plus charmants, dans un cadre idyllique inoubliable. Je dois confesser que j’ignorais le lien entre Ghibli et la destination, avant d’y mettre les pieds, n’ayant jamais vu à ce moment-là « Ponyo sur la falaise ». L’histoire raconte que le réalisateur Miyazaki s’est rendu dans cette ville pittoresque en 2005 pour y rester finalement deux mois après avoir craqué sur le lieu. Et alors qu’il travaillait sur Ponyo, il a pris la décision d’en faire le décor principal du film.
D’autres lieux à travers l’Archipel ont inspiré, de près ou de loin, les artisans du Studio Ghibli. Comme le fascinant Dogo Onsen Honkan, dans la préfecture d’Ehime, dont la structure est restée inchangée depuis sa construction en 1893. Le Studio Ghibli a confirmé que cet onsen avait été utilisé comme l’un des principaux modèles pour imaginer l’établissement culte du « Voyage de Chihiro ». Dans ma liste figure également Yakushima, une île située au sud de Kyushu réputée pour sa nature luxuriante et ses forêts anciennes. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, Yakushima est un véritable trésor écologique abritant une biodiversité exceptionnelle. Cette île a d’ailleurs servi d’inspiration à « Princesse Mononoké », avec son univers riche et enchanteur, qui reflète les thèmes de la nature, de la spiritualité et de la cohabitation harmonieuse entre les êtres vivants.
Les nombreux lieux enchanteurs au Japon, qu’ils aient inspiré les chefs-d’œuvre du Studio Ghibli ou qu’ils aient été fondés par ses artisans, sont de véritables invitations à plonger dans l’univers onirique et poétique de Hayao Miyazaki. Destinations touristiques prisées des amoureux du studio, elles offrent également, pour la plupart, un cadre idoine à la contemplation et à la connexion avec la nature et la culture japonaise. Visiter ces lieux permet non seulement de revivre la magie des films Ghibli, mais aussi de découvrir l’âme et la beauté du Japon.