Félicitations ! Vous avez travaillé sans relâche toute l’année et vous êtes prêt à profiter de vos vacances d’été bien méritées. Vous avez donc réservé votre voyage non remboursable au Japon pour le mois de juillet, et… quoi donc ? Voilà qu’en parcourant les réseaux sociaux, vous entendez dire que l’été au Japon est la pire saison pour s’y rendre. S’il vous plaît, dites-moi que c’est faux !
J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. Tout d’abord, la mauvaise nouvelle : certains décrivent le climat de l’été au Japon comme « inconfortable » et d’autres comme « une version humide de l’enfer ». C’est un fait indéniable : l’été japonais est chaud et humide, des conditions que l’on retrouve dans tout l’Archipel, du nord au sud, presque sans exception. Mais cela ne veut pas dire que l’été nippon n’a pas de bons côtés, les Japonais ayant eu des siècles pour instaurer des traditions destinées à compenser les désagréments de la météo.
Quand a lieu la saison estivale dans l’Archipel ?
L’été au Japon se divise en deux actes. Le premier acte est connu sous le nom de saison des pluies ou tsuyu 梅雨, au cours de laquelle le risque de pluie est pratiquement quotidien, et ce, pendant des semaines. Le second acte correspond, quant à lui, à la saison chaude et humide que les Japonais comme les touristes trouvent très pénible à supporter.
Au Japon, la fin du mois d’avril et le début du mois de mai sont des périodes agréables, avec de nombreuses journées chaudes et printanières, des nuits fraîches et un taux d’humidité relativement faible. Les choses se gâtent à la fin du mois de mai et au début du mois de juin, lorsque l’air froid provenant d’Asie continentale entre en contact avec l’air chaud remontant du Pacifique Sud juste au-dessus du Japon, marquant le début de l’inconstante saison des pluies. La saison du tsuyu débute un peu plus tôt à Okinawa et glisse progressivement vers l’est, touchant d’abord le sud du Kyushu à la fin du mois de mai, pour remonter et atteindre le nord du Tohoku à la mi-juin.
La saison des pluies dure de quelques semaines à plus d’un mois, et dépend en grande partie des conditions météorologiques planétaires, de plus en plus imprévisibles à l’ère moderne du réchauffement climatique. Le premier jour ensoleillé à la fin de la saison des pluies est souvent célébré à tort ; c’est un peu comme se réjouir d’être libéré d’un four, alors que quelque chose de bien pire nous attend.
Pendant la première quinzaine de juillet, les journées estivales toujours plus chaudes et humides s’installent au Japon et se prolongent souvent jusqu’à la fin de l’été, soit fin septembre. Le mois d’août est considéré comme le mois le plus chaud au Japon, avec des températures moyennes à Tokyo avoisinant les 32°C (de 1992 à 2021 ; mais ces dernières années, la capitale a été marquée par de longues périodes avec des températures dangereusement élevées, supérieures à 35°C). Kyoto, encerclée par les montagnes, est encore plus mal lotie en été, avec une température moyenne de 33°C en août. Le seul endroit où l’on peut échapper à la chaleur estivale au Japon est Hokkaido, mais n’oubliez pas que la saison des pluies y commence également plus tard, et que vous pourriez donc être confronté à des jours pluvieux même en août.
N’oublions pas un autre aspect moins réjouissant de l’été au Japon : c’est aussi la saison des typhons. De juillet à septembre, la probabilité que survienne ce phénomène est la plus élevée. Selon la situation et vos projets de voyage, les typhons peuvent causer de légers désagréments, voire s’avérer dangereux.
Les meilleures choses à faire pendant l’été au Japon
Compte tenu des conditions météorologiques défavorables, ne serait-il pas préférable d’éviter complètement l’été au Japon ? Ne prenez pas de décision hâtive, car vous risqueriez de passer à côté d’opportunités fantastiques qui ne se présentent qu’à cette période.
Bien que la saison des pluies semble épouvantable, elle n’est pas aussi terrible qu’il n’y paraît. Tout d’abord, il ne pleut pas nécessairement tous les jours, toute la journée, si bien que vous pourriez profiter de journées étonnamment ensoleillées (ou partiellement ensoleillées) au cours de la saison. La simple évocation de la saison des pluies dissuade également de nombreux visiteurs, ce qui fait que l’affluence dans les principaux centres d’intérêt a tendance à être moins importante pendant cette période. Enfin, certains sites profitent de la pluie : l’ajisai あじさい (hortensia), la fleur d’été la plus appréciée des Japonais, fleurit pendant la saison des pluies. Elle est sublime, couverte de fines gouttes d’eau, dans les temples et les parcs où elle pousse en grand nombre. Et à part un jour de neige, faire trempette dans un bain thermal extérieur de type rotenburo sous une pluie légère et un brouillard mystérieux est l’une des meilleures façons de profiter d’une expérience onsen en plein air.
À l’exception de Hokkaido, les conditions météorologiques chaudes et humides varient assez peu d’un endroit à l’autre du Japon, si bien que la quasi-totalité des habitants du pays vivent l’été de la même manière. Cela a donné lieu à de nombreuses traditions estivales dans tout le pays, offrant une distraction salutaire par rapport au climat, notamment les festivals d’été.
Au Japon, des festivals sont programmés tout au long de l’année, mais une fois la saison des pluies terminée, l’été semble devenir une succession permanente de festivals d’un week-end à l’autre. Même les plus petites villes et les plus petits quartiers organisent leur propre festival d’été, au cours duquel les habitants revêtent des yukata (kimono d’été) colorés et se rendent au sanctuaire, au temple ou au parc de leur quartier pour participer à des jeux de type kermesse, manger des plats de fête vendus dans des échoppes et éventuellement participer à des danses traditionnelles comme le bon odori ou l’awa odori.
En parlant de yukata, ces vêtements légers en coton (et parfois en lin) sont l’un des aspects que je préfère de l’été au Japon. Les yukata sont l’antithèse des tenues d’affaires japonaises, colorés et distinctifs, avec une infinité de ceintures obi à assortir pour les compléter. Même les yukata pour hommes, traditionnellement ennuyeux, ont évolué et présentent des motifs modernes et des couleurs vives adaptés à notre époque. La participation à un festival est l’excuse idéale pour porter l’un de ces vêtements confortables et se fondre dans la masse, ou se démarquer, aux côtés de la population locale.
Les festivals d’été les plus prisés sont les hanabi matsuri, les festivals de feux d’artifice. Les organisateurs tirent des milliers d’engins pyrotechniques multicolores qui explosent dans le ciel de l’été, en faisant la meilleure distraction possible à la chaleur estivale. Le festival de feux d’artifice de Sumidagawa à Tokyo, qui se tient le dernier samedi de juillet, est le plus ancien du Japon. Il a été créé en 1733 pour éloigner les mauvais esprits. Des millions de personnes affluent sur les rives de la rivière Sumida, ou le plus près possible, pour assister à ce spectacle à la pointe de la technologie pyrotechnique et consommer une quantité considérable de boissons alcoolisées.
Mais il n’est pas nécessaire de braver les foules de la capitale pour assister à un festival de feux d’artifice en été. Des centaines de villes japonaises organisent leurs propres spectacles, certains à une échelle beaucoup plus réduite, mais d’autres, comme Nagaoka dans la préfecture de Niigata, sont tout aussi impressionnants, si ce n’est plus, que les événements organisés à Tokyo.
Si vous avez besoin d’un peu de fraîcheur pendant les journées les plus pénibles de l’été, vous pouvez toujours vous réfugier à l’intérieur. Le Japon compte de nombreux musées qui présentent des expositions sur pratiquement tous les sujets imaginables : le musée des instruments de musique à Hamamatsu, le musée des nouilles instantanées d’Osaka, le musée de l’architecture contemporaine à Setouchi. Et oui, il y a même un musée sur les parasites à Tokyo, et c’est gratuit.
Si vous ne pouvez pas échapper à la chaleur de l’été, vous pouvez au moins essayer d’en tirer le meilleur parti. Souvent négligées par les visiteurs du Japon, les plages du pays sont pourtant exceptionnelles. La plupart des personnes connaissent le littoral immaculé d’Okinawa ou les plages du Shonan qui invitent à la flânerie, mais peu connaissent les joyaux cachés du Japon, comme la plage Takahama, presque déserte, dans les îles Goto à Nagasaki ; la plage Wakasawada de Fukui, qui fait face à la mer du Japon et qui a le statut de Pavillon Bleu ; ou la plage Shirahama de Wakayama, qui rappelle la plage de Waikiki à Hawaï.
Ainsi, malgré le manque d’enthousiasme que peut susciter l’idée de passer l’été au Japon, tout n’est pas si noir. Si vous pouvez supporter l’inconfort du climat, le Japon offre toujours des activités formidables et uniques, à la fois traditionnelles et contemporaines. Veillez simplement à bien préparer votre valise ; peut-être que votre voyage estival au Japon deviendra l’un de vos favoris.
Traduit de l’anglais par Julien Loock.