Entouré d’une nature riche, au cœur des Alpes japonaises, le quartier historique de la charmante ville de Takayama (高山) perpétue les traditions du Japon de l’époque Edo (1603-1868). Depuis les temps anciens, cette ville de la préfecture de Gifu était réputée pour le savoir-faire de ses artisans menuisiers. Au VIIIe siècle, elle ne pouvait s’acquitter de ses taxes qui se payaient à l’époque en riz, et mettait à la place à disposition le savoir-faire de ses menuisiers. Takayama est surnommée la « petite Kyoto des Alpes japonaises » pour ses rues en damier, bordées de maisons traditionnelles. Un paysage urbain de l’époque d’Edo qui vous fera voyager dans le temps.
Le quartier historique de la ville de Takayama
Le quartier historique se trouve sur la rive est de la rivière Miya, qui traverse le centre de Hida Takayama. Furui machinami (古い町並), la vieille ville, était autrefois un quartier commerçant. La vieille ville se compose de deux districts de préservation des bâtiments traditionnels, où l’on retrouve de nombreuses maisons de marchands de la période d’Edo aux devantures recouvertes de fenêtres à claire-voie et de treillis de bois. L’étroitesse des façades était à l’époque destinée à diminuer le niveau de taxation.
À la nuit tombée, quand les visiteurs ont déserté les rues, que le silence gagne la ville et que les lumières s’allument une à une derrière les treillis de bois, on a l’impression d’avoir été transporté comme par magie à l’époque d’Edo.
Le temple Ankoku-ji , un trésor national
Au nord de Takayama, à l’écart de la ville, on peut visiter un temple de style chinois construit en 1347 : le temple Ankoku-ji (安国寺), qui appartient à une branche du bouddhisme zen. La statue de Bouddha qui se trouve dans le pavillon principal et suit paisiblement les visiteurs de son regard placide date de 1356, mais le trésor d’Ankoku-ji n’est autre que son kyozo (経蔵), l’un des trois plus précieux du Japon, classé trésor national. Il renferme un rinzo (輪蔵), une armoire rotative octogonale dans laquelle sont rangés les sutras. Vieux de près de 600 ans, c’est le plus ancien rinzo du genre encore existant au Japon ; il renfermait à l’époque quelque 5397 livres, dont 2208 que l’on peut encore voir dans ses rayonnages. Avec l’accord du temple, on peut s’y prendre à plusieurs pour faire pivoter le rinzo dans un grincement de bois, quel privilège !
La visite du temple et l’accès au rinzo sont possibles sur réservation (par téléphone au 0577-72-2173).
Les festivals de Takayama
Le festival de Takayama, qui a lieu depuis près de 300 ans, est célèbre pour son élégant défilé de chars. Sous cette appellation, se cachent en fait deux festivals : le Sanno Matsuri, qui se tient les 14 et 15 avril de chaque année au sanctuaire de Hie, et le Hachiman Matsuri, qui a lieu les 9 et 10 octobre au sanctuaire Hachimangu de Sakurayama. Considéré comme l’un des trois plus beaux matsuri du Japon, le festival de Takayama suit un programme précis : parades diurnes et nocturnes, danses du lion, spectacles de marionnettes…
Pour ceux qui n’ont pas la chance de visiter Takayama à ces dates, il est toujours possible d’admirer quelques-uns des chars utilisés lors de ces festivals dans le Hall d’exposition des chars du festival de Takayama. La ville compte 23 chars : 12 pour le festival de printemps, 11 pour celui d’automne. Certains (les yatai) sont sur roues, quand d’autres (les mikoshi) sont des châsses portables. Tous témoignent tant de la richesse des marchands de Takayama que du savoir-faire des maîtres-artisans de Hida.
Yatai Yatai Mikoshi
L’artisanat d’art à Takayama
L’abondance des ressources offertes par les forêts et rivières environnantes a permis à un artisanat de haute qualité « made in Takayama » de prospérer : menuiserie, ébénisterie et sculpture sur bois, laques transparentes Shunkei, papier washi, poterie et porcelaine, tannerie, étoffes teintées à l’indigo…
Parmi les souvenirs typiques à rapporter de Takayama, le sarubobo (さるぼぼ) est une amulette locale, un petit bonhomme porte-bonheur en tissu rouge. Sarubobo signifie « bébé singe », en référence à la couleur rouge de leur visage rappelant la couleur de la tête des bébés singes. Ces poupées ont la particularité de ne pas avoir de visage, afin que leur détenteur en imagine les traits selon son humeur. Les mères les confectionnaient autrefois pour leurs enfants afin de leur porter chance et bonheur. Les sarubobo sont le plus souvent rouges, associés au bonheur et à l’harmonie conjugale, mais il en existe d’autres déclinaisons : bleu pour réussir ses examens ou sa carrière, jaune ou or pour l’argent et la fortune aux jeux de hasard, rose pour l’amour, violet pour la longévité…
Dans la région de Hida, il existe un objet décoratif fabriqué à partir de gâteaux de riz, appelé « Hanamochi ». Les gâteaux de riz gluant, blancs et rouges, sont dressés sur les branchages au Nouvel An et tout au long de l’hiver, quand les fleurs manquent pour l’ikebana. Les hanamochi sont toujours exposés, non seulement dans les auberges traditionnelles, mais aussi dans les maisons ordinaires.
L’artisanat local de Takayama est à retrouver au marché du matin, sur les berges piétonnes de la rivière Miya. Les étals présentent aussi des fleurs, et des fruits et légumes de saison.
Le brassage du saké à Hida Takayama
La brasserie Funasaka (舩坂酒造店) produit du saké depuis près de deux siècles grâce à l’eau des monts Hida. La maison brasse selon des techniques traditionnelles. Le koji de riz est ainsi mélangé à la main. Les sakés sont faiblement alcoolisés (aux alentours de 6 %), certains délicieusement parfumés au yuzu, à la prune ou au raisin.
Le saké se déguste dans l’arrière-cour, sous le cerisier en fleurs au printemps, tout en jetant un œil aux cuves voisines dont l’entrée est marquée par un shimenawa, une corde sacrée. Il peut aussi accompagner un plat du restaurant de la brasserie.
La boutique présente une étonnante gamme de cosmétiques à base… de saké ! Parmi ces curiosités, citons des crèmes et masques pour le visage, des savons et des sels de bain.
Le téléphérique de Shinhotaka
Le téléphérique de Shinhotaka (新穂高ロープウェイ) permet de profiter de l’un des plus beaux points de vue sur le mont Oku-Hotaka, 3e plus haut sommet du Japon, dans les monts Hida. Le téléphérique comporte deux tronçons. Le premier permet d’atteindre en 4 minutes la station de Shirakabadaira, située à 1308 mètres d’altitude, tandis que le second tronçon rejoint en 7 minutes la station Nishihotakaguchi, à 2 156 m d’altitude.
Depuis 1998, la première télécabine à deux étages du Japon y est en service — elle a été renouvelée en juillet 2020. Compter 3000 yens l’aller-retour sur les 2 tronçons pour les adultes, et 1500 yens pour les enfants.
La 1re station, Shirakabadaira, vaut bien une escale. Elle est dotée d’un ashiyu (足湯, bain de pieds), un bain thermal en plein air, abrité sous un auvent. Une halte s’impose à l’Alpine Bakery, une boulangerie d’altitude où l’on peut acheter des brioches en forme de télécabines, à déguster tout en profitant d’une vue panoramique. Au sommet, la plateforme d’observation offre un panorama sur le mont Kasa, vestige de la caldeira d’un volcan né il y a près de 65 millions d’années. Ses strates géologiques sont clairement visibles sur 2156 mètres de dénivelée. La cafétéria Mount View permet une pause avec vue sur la forêt. On y sert un chocolat chaud crémeux, surmonté d’un chamallow à l’effigie d’une télécabine.
Les paysages de montagne, changeant au fil de l’année, sont agréables en toute saison, mais c’est peut-être en automne que la vue est la mémorable, lorsque les forêts sont recouvertes de feuillages flamboyants. Mieux vaut en tout cas vérifier la météo et s’assurer de la visibilité au sommet avant de monter.
En été, on peut observer la faune sauvage : renards, lapins, cerfs sika… En hiver, on traque leurs empreintes dans la neige fraîche, tandis qu’on évolue sur un sentier creusé dans la glace formant un fascinant labyrinthe de neige.
Avant de partir en randonnée, on dépose un document où l’on inscrit son nom, son heure de départ et l’heure estimée du retour dans une petite boîte en bois. Un sentier de randonnée s’enfonce dans les montagnes et monte jusqu’au refuge de Nishiho, sur la crête. De là, il est possible de rejoindre les sommets de Nishi-Hotakadake (environ 3h de marche, réservé aux alpinistes expérimentés et dûment équipés) et d’Oku-Hotakadake (environ 9h de marche).
Informations pratiques
Pour plus d’informations visitez le site Internet de l’office de tourisme de Takayama.
Voir d’autres articles sur Hida :
- La vallée de Hida à travers l’histoire et les traditions du Japon
- Gero Onsen, la ville thermale dans le bain de l’écotourisme
- Découverte de la gastronomie de Hida-Takayama au cœur du “Satoyama”
- Shirakawa-go, village de montagne inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO
Se rendre à Takayama
Accès à Takayama en train depuis Tokyo : Prendre le Tokaido Shinkansen de Tokyo à Nagoya (environ 1h45), et changer à Nagoya pour prendre le train JR Hida Limited Express à destination de Takayama (environ 2h20).
Accès à Takayama en bus depuis Tokyo : un bus relie Tokyo (Shinjuku) à Takayama en environ 5h30.
Takayama perpétue ses traditions ancestrales : artisanat, production de saké, pèlerinages, festivals… Les devantures en en treillis de bois se succèdent en enfilade le long des rues. Elles sont ponctuées de rideaux noren et de sugidama (boules de cèdres sur la devanture des brasseries de saké). Takayama vous fera voyager dans le temps, à l’époque d’Edo, accompagné d’un parfum kyotoïte au cœur des Alpes japonaises. Les vitrines des maisons de marchands y débordent toujours d’objets d’artisanat.
Article réalisé en partenariat avec Hida Regional Tourism Council
Nous n’avons pas eu le temps de faire le téléphérique de Shinhotaka. On reviendra en hiver pour profiter d’une différente saison ! Mais bien sur remanger du boeuf Hida, quel délice !