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« Je veux sentir les rayons du soleil sur mon visage… là où les rues n’ont pas de nom. » Ces vers de Bono n’ont jamais sonné aussi juste que lorsque je faisais une heure et demie de route depuis la ville de Fukuoka pour me rendre à Waita Onsen, au nord de la préfecture de Kumamoto. Mes souvenirs des trains bondés de travailleurs-zombies à Tokyo étaient loin derrière moi. Le soleil brillait dans le ciel bleu tandis que je me frayais un chemin sur les routes de montagne, à la recherche d’un moment de détente.

Journée Spa. J’étais sur le point de me relaxer dans les eaux thermales de deux onsen, desquels je n’aurais à sortir que pour déguster un somptueux repas et pour admirer des paysages qui inspirèrent poètes et artistes durant des siècles. Puis ce soir, je me retirerai dans un ryokan isolé où je pourrai savourer un autre fantastique repas et le bain privatif de ma chambre.

C’est pour profiter de tout ça que les gens viennent au nord de Kumomoto, plus connu pour la caldeira du Mont Aso, un paysage naturel à couper le souffle façonné par les volcans toujours actifs du Mont Aso. Cette immense caldeira de 25 kilomètres de diamètre et la nature de cette région volcanique prennent la forme de sommets dentelés, de volutes de vapeur remontant de la terre, et bien sûr, d’innombrables onsen. Ici, la relaxation se vit au quotidien, l’antithèse des grandes villes comme Tokyo.

Onsen privé avec vue à Horei-no-Yu

À quelques minutes en sortant de la nationale 387, au pied du Mont Waita, je suis entré au Horei-no-Yu, le premier onsen de mon périple. Hirose-san, le propriétaire du Horei-no-Yu, est venu m’accueillir sur le parking. Depuis plus de 25 ans, il fait tourner ce centre de manière décontractée. Ayant vécu en Chine quelques années, Hirose-san peut discuter à la fois en mandarin et en anglais, bien que sa modestie le pousse à nier parler ces langues couramment.

Après avoir changé 1500 yens en trois pièces de 500 yens, il me guida vers mon onsen privatif. À l’extérieur de la porte, on insère les pièces dans une machine et voilà que le bain se met à se remplir d’une eau chaude et laiteuse dont vous pouvez profiter durant l’heure qui vient. Il y a cinq pièces, séparées pour garantir plus d’intimité, et chacune offre une vue incroyable sur le mont Waita dont on peut profiter depuis le bain.

Sur une crête voisine, un panache de vapeur s’élevait de temps à autre, comme pour rappeler la vaste activité géothermique qui ne cesse jamais dans les profondeurs de la terre. Un peu plus tard, Hirose-san me ferait visiter la propriété, et me montrerait quelques machines avec lesquelles il va exploiter l’énergie géothermique du Horei-no-Yu afin de la vendre au gouvernement.

Un petit avertissement : les eaux thermales du Horei-no-Yu sont CHAUDES. Imaginez cette sensation dans votre bouche lorsque vous buvez un bol de soupe brulante. Sauf que cette fois vous êtes DANS la soupe. Il y a une source d’eau froide de laquelle on peut tirer de l’eau pour refroidir le bain. Cela étant, Hirose-san me fit remarquer que ça diluait les propriétés thérapeutiques des eaux thermales, à user avec parcimonie donc, si vous pouvez supporter la chaleur. Car après quelques minutes d’acclimatation plus ou moins douloureuses, j’ai finalement pu m’allonger et profiter de mon bain et de sa vue incroyable.

Si vous n’avez pas besoin d’un bain privatif, le Horei-no-Yu possède également des bains séparés par genre pour 500 yens, qui offrent une vue similaire sur ces merveilleux paysages, et sont remplis de cette même eau d’un bleu laiteux, qui vous feront oublier tous vos problèmes.

Après une heure de pur bonheur, je suis sorti de la pièce tout frais et le ventre un peu creux. Il existe, au Horei-no-Yu, une installation où il est possible de cuire des aliments à la vapeur, en utilisant l’énergie de la terre. La plupart des clients amènent leurs propres ingrédients (Hirose-san m’a dit que les fruits de mer comme les huitres ou les crabes étaient les aliments qui avaient le plus de succès), il est aussi possible d’acheter de le nourriture sur place. Hirose-san fut si attentionné qu’il avait préparé un panier de nourriture qui cuisait pour moi pendant que je me prélassais. Après mon bain, je me suis assis à la table de pique-nique et j’ai dégusté mon festin composé de poulet à la vapeur, de brioche au porc, de saucisse, de patate douce et d’œuf dur.

Si vous vous posez la question, le souffre contenu dans la vapeur n’a aucun impact discernable sur le goût des aliments. Il s’agit donc simplement d’une méthode de cuisson lente et écologique, qui s’adapte parfaitement au mode de vie de la région.

Après avoir dit au revoir au Horei-no-Yu, je repris la route pendant 30 minutes, jusqu’à Minami-Oguni, l’un des villages les plus pittoresques de Kumamoto. Octobre est la saison de récolte des céréales au Japon. Tout en parcourant les étroites ruelles du village, je me mis à arpenter de ravissantes rizières et autres champs de céréales, découvrant les différentes étapes de leur récolte. Tous les champs brillaient sous ce ciel incroyablement bleu.

Le plat le plus prisé de Minami-Oguni

Une petite affiche proclame que Minami-Oguni est un des plus beaux villages du Japon. Où que vous alliez au Japon, il s’agit toujours de l’endroit « le plus » quelque chose du Japon, mais il est indéniable que ce village était absolument charmant. L’arrivée de l’automne revêtait bien des visages, de la récolte des champs aux fleurs de saison, en passant par les kakis en train de mûrir, et je pris beaucoup de plaisir à faire des photos tout en sentant peu à peu mon appétit grandir pour le plat le plus prisé du village : les soba (nouilles de sarrasin).

On trouve d’innombrables restaurants de soba sur la route principale de Minami-Ogumi, et il n’y a pas de meilleure saison pour apprécier les soba que l’automne. À l’extérieur des restaurants, des écriteaux tracés à la main indiquent aux voyageurs qu’ils servent des shin-soba, le soba nouveau préparé à base de sarrasin fraichement récolté. L’eau de source qui coule dans les terres où pousse le sarrasin garantit la plus pure des saveurs.

Vous pensez peut-être que les soba sont un plat typique de la campagne, mais en vérité on retrouve des soba dans les restaurants de washoku (cuisine japonaise) les plus haut de gamme su Japon, aussi bien que dans les cantines bon marché où vont se nourrir étudiants et salariés.

Waremokou se situe entre les deux, une échoppe rustique qui attire des clients venus parfois de loin pour y déguster les soba tels qu’ils devraient être mangés : simples, locaux et frais. Ici, c’est sans prétention : asseyez-vous où vous voulez, jetez un œil au menu (avec photos), et commandez ce qui vous convient le mieux. Je me suis assis au coin d’un irori (foyer japonais traditionnel), qui doit être si réconfortant par une froide journée d’hiver.

Pour mon repas, j’ai choisi le menu « Waremokou », qui comprend des soba, chauds ou froids selon votre préférence (ce jour-là des shin-soba puisque j’y allais à l’époque de la récolte), des tsukemono (pickles japonais à base de légumes), une petite assiette de produits de saison, et du tofu épais surmonté de pâte de miso.

J’aimerais dire que je pouvais sentir toute la fraicheur des shin-soba, mais en toute honnêteté je ne mange pas des soba suffisamment souvent pour faire la différence entre des soba et des shin-soba. J’ai commandé des zarusoba, servis froids avec un bol de tsuyu, un bouillon à base de dashi dans lequel on peut mélanger de l’oignon frais et du wasabi avant d’y plonger les soba et de les déguster. Les nouilles étaient fermes et élastiques, une texture parfaite signe de soba bien préparés.

J’ai adoré le tofu. Incroyablement soyeux, épaissis à l’aide de kuzu (fécule de marante), et cette touche de miso sucré sur le dessus qui lui ajoutait ce qu’il fallait de saveur, on aurait dit un flan incroyablement dense et savoureux. Sous le couvercle d’un petit bol, je découvris quelques graines de sarrasin agrémentée de flocons de bonite séchée, donnant aux graines un subtil arôme de poisson fumé.

Ayant mangé deux repas complets en quelques heures, sentant le danger d’un coma alimentaire me guetter, j’ai pris la décision que n’importe quelle personne saine d’esprit aurait prise : aller digérer dans un autre onsen.

Yuka : un onsen privatif au milieu des arbres

Sur la même route que le Horei-no-Yu, le Takenoyu Jigokudani Onsen Yuka (ou simplement Yuka pour faire plus court) est en grande partie caché par la forêt, si bien qu’à part le parking et deux petits bâtiments, vous pourriez bien passer à côté sans le remarquer. Ce fut mon cas, et j’ai dû faire demi-tour plus loin sur la route. Ishimatsu-san, le propriétaire du lieu, vint à ma rencontre à l’accueil du bâtiment, m’offrant un verre de cidre frais produit dans la région, et nous nous sommes assis un moment, à discuter à l’aide de mon japonais hésitant. Il s’avéra que mon appareil photo avait attiré son regard, Ishimatsu-san étant lui-même photographe. Il me tendit une brochure et m’expliqua qu’il avait pris toute les photos lui-même. J’ai particulièrement aimé une série de quatre photos, montrant l’onsen durant chacune des quatre saisons.

L’onsen est composé de deux bains séparés par genre (600 yens), sept bains privatifs qui peuvent accueillir jusqu’à 4 personnes (entre 1300 et 2000 yens), et deux bains privatifs premium qui rivalisent avec la qualité des ryokan haut de gamme (entre 2500 et 3300 yen). Les bains normaux et les 7 bains privatifs sont accessibles 24h/24, quand aux bains premium, ils sont accessibles entre 8h et 22h.

Intrigué par ce concept de bain premium, j’ai réservé l’onsen le plus cher (3300 yen), qui offre deux bains séparés — ce qui est totalement excessif pour un voyageur solitaire. Mais je l’ai fait pour vous, chers lecteurs, pour que vous puissiez vivre mon expérience par procuration !

L’onsen premium possède une grande pièce recouverte de tatamis, parfaitement adaptée pour un moment de détente si, pour quelque raison que ce soit, vous ne voulez pas vous plonger tout de suite dans le bain. On y trouve également un lavabo, un coin pour s’habiller, un sèche cheveux, et tout le nécessaire de toilette comme du savon ou de shampoing. Des serviettes peuvent être achetées à l’accueil si vous n’avez pas pris la votre. Mais voilà un bon conseil : lorsque vous voyagez dans une région d’onsen, prenez votre serviette.

L’eau de l’onsen contient une grande concentration d’acide metasilicique qui prend un aspect laiteux lorsqu’il est exposé à l’air libre durant une longue période. Mais l’eau étant remplacée en permanence pour la maintenir propre, elle reste également parfaitement limpide. Cet acide aurait de nombreuses propriétés thérapeutiques, notamment pour la peau, les muscles, les douleurs articulaires, et tout ce qui est bleus ou coupures.

Honnêtement, je m’intéresse rarement des molécules qui se trouvent dans les eau thermales. Je me soucie plus de la température de l’eau, et celle du bain au Yuka était absolument parfaite pour moi. J’ai passé l’heure à me déplacer d’un bain à l’autre, regardant les ombres s’allonger lentement tout en écoutant le murmure du vent dans les feuilles. Ah… Journée Spa ! En émergeant lentement de mon bain, je me rassurais en pensant que j’allais encore passer une journée de plus à Waita Onsen, un lieu où le rythme de vie est délicieusement lent.

Se rendre à Waita Onsen

La région de Waita Onsen s’avère très facile d’accès depuis les grandes villes de Kyushu (et donc facile d’accès en shinkansen ou à l’aide de vols intérieurs). Je me suis rendu compte que j’avais parfois mis plus de temps à me rendre à certains endroits en voiture depuis Tokyo que le temps qu’il faut pour atteindre Fukuoka ou Kumamoto par les airs puis pour conduire jusqu’au nord de Kumamoto. Le principal atout de cette région est dû à ses paysages uniques façonnés par l’activité volcanique et l’abondance de ses villages d’onsen.

Être véhiculé s’avère nécessaire pour profiter de la préfecture de Kumamoto, où les différents lieux d’intérêts peuvent être séparés par de longues distances. Il est très facile de conduire dans la région, avec peu de feux de circulation et ces routes agréables et sinueuses qui sont une invitation à ouvrir les vitres pour prendre une bouffée d’air frais. Des voitures de location sont disponibles dans toutes les grandes villes, et à proximité des aéroports et des gares principales. Vous aurez simplement besoin d’un permis d’une traduction de votre permis de conduire ou d’un permis international.

Hourei-no-Yu est une exception car Hirose-san peut venir vous chercher à la gare de Michi-no-Eki Yu ou à l’arrêt de bus Kurokawa Onsen, si vous êtes deux personnes ou plus. Mais il vous faudra pour cela séjourner sur place et réserver à l’avance.

Onsen Horei-no-Yu

Adresse : Nishizato, Oguni, Aso District, Kumamoto 869-2504
Heures d’ouverture : 8h – 19h, certains bains privatifs sont accessibles 24h/24
Tarif : entre 500 et 1500 yens
Site Internet : http://en.houreinoyuyado.com/index.html

Restaurant de soba Waremokou

Adresse : 3220ー5 Akababa, Minamioguni, Aso District, Kumamoto 869-2401
Heures d’ouverture : 10h30 – 17h30
Site Internet : http://www.aso-sobakaidou.jp/english/index.html

Takenoyu Jigokudani Onsen Yuka

Adresse : 〒869-2505 Kumamoto, Aso District, 阿蘇郡Kitazato, 小国町大字北里1800−33
Heures d’ouverture : 8h – 21h, certains bains privatifs sont accessibles 24h/24

Accès à Waita Onsen en voiture depuis les aéroports les plus proches

Depuis l’aéroport de Fukuoka : environ 1h40
Depuis l’aéroport d’Oita : environ 1h20
Depuis l’aéroport de Kumamoto : environ 1h20

Article original écrit par Todd Fong
Traduction par Joachim Ducos

Article réalisé en partenariat avec le siège administratif de la région Nord de Kumamoto.

Todd Fong

Todd Fong

Freelance writer, photographer, and mentor. Japan-based, Oaktown (Oakland, California) born. Freelance writing and photography work includes Lonely Planet, Voyapon, Metropolis Japan, and many regional tourism websites around Japan.

https://www.toddfong.com

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